Vous vous demandez quels procédés nous utilisons pour teindre nos (super) vêtements ? Après plusieurs échanges sur les réseaux sociaux, on s’est rendu compte que vous aviez pas mal de questions sur le sujet. Et ça nous fait trop plaisir parce que ça signifie que vous êtes autant impliquées que nous dans la création de nos produits. Pour ça, un grand merci.
La teinture dans la mode, c’est un sujet sérieux. 20 % de la pollution des eaux mondiales seraient dues à la teinture chimique des textiles.
Peut-être avez-vous déjà entendu cette fameuse phrase de la co-fondatrice du mouvement Fashion Revolution : "on peut prédire la prochaine couleur à la mode en regardant celle des rivières en Chine.”
Mais il n’y a pas que les cours d’eau qui sont affectés.
Formaldéhydes, phtalates, colorants azoïques, métaux lourds, avez-vous vraiment conscience de l’effet de ces substances toxiques sur votre santé ?
Nos choix de teintures chez Atelier-Unes : comment nous luttons contre les vêtements dangereux ?
Depuis le départ, notre choix s’est porté sur des teintures Oeko-Tex. Si vous connaissez bien nos produits, alors vous savez déjà que chacun de nos vêtements respecte aussi bien votre peau que la planète.
Le label Oeko-Tex Standard 100 interdit les métaux lourds, les colorants azoïques (cancérigènes ou allergènes) ainsi que les phtalates. Des substances qui, vous le verrez par la suite, ont des effets dévastateurs.
L’entreprise avec laquelle nous travaillons est d’ailleurs certifiée GOTs. On vous renvoie vers notre guide pour en savoir plus sur les labels dans la mode éthique au besoin.
Qui plus est, tous nos textiles répondent aux normes CE REACH.
Vous vous demandez ce que c’est ?
REACH, c’est un règlement qui est en vigueur depuis 2007. Il a été mis en place par l’Union Européenne et il vise à protéger la santé ainsi que l’environnement, des substances chimiques. Il s’applique à différents domaines dont l’industrie textile.
En clair, les entreprises qui fabriquent les vêtements à l’intérieur de l’Europe sont priées de détecter les substances cancérigènes et mutagènes nocifs pour l’homme et la planète. Une fois répertoriés, ces produits chimiques sont évalués dans le but d’être soit autorisés, restreints ou interdits.
L’impact de la teinture dans la mode : pourquoi les vêtements conventionnels posent problème ?
À cause de ce qu’on y met dedans. (Sans blague).
Outre l’agriculture qui laisse à désirer, les émissions de CO₂ dû aux transports des marchandises, on évoque plus rarement les procédés de transformations qui sont pourtant bien plus ravageurs d’un point de vue social et environnemental.
Vous seriez étonnés de connaître la longue liste de produits toxiques présents dans les vêtements. L’Agence nationale de sécurité sanitaire y a consacré tout un rapport si ça vous dit.
En ce qui concerne les teintures chimiques, les industriels utilisent à peu près 10 000 colorants de synthèse, tous dérivés du pétrole. Parmi les ingrédients qui compose ces colorants on retrouve des métaux lourds, des colorants azoïques, du formaldéhyde, du penthachloraphénol, du benizdine, des phtalates, des alkyphénos et tout d’un tas d’autres noms difficilement prononçables. Pas joli, joli, quoi.
On a fait pas mal de recherches de notre côté et voici ce que nous avons trouvé.
Préparez-vous à faire un petit bond en arrière, direction les cours de chimie de 4ᵉ.
Les colorants azoïques
L’ASEF nous a appris que les colorants azoïques étaient interdits par l’Union Européenne depuis 2002.
Malheureusement, leur rapport coût-efficacité étant très intéressant, ils sont massivement utilisés en Chine ou encore au Bangladesh. Pays que l’on retrouve bien (trop ?) souvent sur les étiquettes de nos vêtements.
Ce sont des composants toxiques contenant des métaux lourds. Potentiellement cancérigènes à cause des amines aromatiques qu’ils libèrent dont le benzidine. Ce dernier, par exemple, favorise le cancer de la vessie et du pancréas.
En outre, ils provoquent des :
- irritations de la peau (allergie, eczéma, urticaire, dermite de contact) ;
- irritations des voies respiratoires (asthme) ;
- atteintes du foie et des reins, des cancers dans le pire des cas.
Si vous possédez des vêtements aux couleurs vives voire fluo, vous pouvez être sûr qu’ils sont bourrés de colorants azoïques… Alors nous ne ferons pas de fluo mais bon c’est aussi une question de goût :)
Le formaldéhyde
Composé organique volatil, dit COV, on retrouve du formaldéhyde en majorité dans les vêtements synthétiques. Nous avons appris qu’ils étaient utilisés pour rendre les textiles infroissables et hydrofuges, ils permettent également aux colorants de mieux se fixer.
D’un point de vue santé, il s’agit surtout d’un gaz nocif. À tel point d’ailleurs que le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) l’a classé dans le groupe 1 des substances cancérogènes pour l’Homme. Il est même établi qu’il joue un rôle majeur dans le développement des cancers nasopharynx lorsqu’il est inhalé.
Il provoque aussi des irritations :
- oculaires ;
- des voies respiratoires ;
- de la peau (allergie, eczéma, dermites de contact).
En cas d’exposition sur le long terme, et ce, même à faible dose, il peut occasionner des pathologies asthmatiques.
Les Phtalates
Quant aux phtalates, on les retrouve dans les textiles ornés de dessins, décorations et inscriptions en tout genre, souvent issu de PVC. Autrement dit, de plastique.
Ce sont des perturbateurs endocriniens avérés.
Ils peuvent provoquer entre autres :
- une baisse de la fertilité ;
- une atrophie des testicules ;
- une puberté précoce chez les filles de 6 à 8 ans ;
- un risque 3 fois plus élevé de malformation congénitale des fœtus.
Allez un dernier et c’est fini youhou.
Les métaux lourds
Plomb, nickel, cadmium, chrome, cuivre, etc. voici un petit échantillon des métaux lourds que l’on peut retrouver dans les teintures textiles industrielles. Ils offrent notamment une plus grande brillance aux vêtements.
Au contact de la peau ou par inhalation, ils pénètrent aussi et surtout dans notre organisme et viennent se fixer dans les os, les reins, le cerveau ou encore le foie.
À haute dose, les métaux lourds peuvent occasionner :
- des pathologies sévères, telles que des maladies neurodégénératives ;
- le cancer des poumons ;
- une insuffisance rénale.
Tout un beau programme en somme.
Mais concevoir des vêtements 100 % safe, ce n’est pas une tâche facile pour autant.
Nos limites
Tout à l’heure, nous vous parlions de la norme REACH. Une belle initiative qui a malheureusement ses limites.
En mai 2018, l’association environnementale allemande Bund dévoilait des documents dans lesquelles au moins 654 entreprises européennes ne respectaient pas le règlement... D’où l’importance de collaborer avec des établissements certifiés.
Nous aurions aussi pu envisager les teintures végétales qui sont également une très bonne alternative aux teintures industrielles. Or, c’est un sujet très complexe, c’est même tout un art.
Selon les plantes utilisées, les procédés ou encore les tissus, la teinture végétale ne rend pas toujours comme on l’aurait espéré.
D’ailleurs, ça vous intéresserait que l’on creuse la question dans un prochain article ? Dites-le-nous en commentaire. Nous nous ferons un plaisir de mener l’enquête.
Où trouver des vêtements sans produits chimiques toxiques ?
Avec tout ce que l’on vient de vous apprendre, vous vous demandez peut-être où est-ce qu’on peut encore trouver des vêtements qui ne risquent pas de vous rendre malade. On comprend bien. C’est pour cette raison que nous vous avons fait une petite liste de conseils à suivre.
- Le premier conseil que nous pouvons vous donner, c’est de choisir des matières naturelles non-teintés, de préférences “sans solvants”. Attention cependant, naturel ne veut pas dire sain pour autant. Si vous achetez un vêtement en coton par exemple, préférez toujours du coton biologique au coton conventionnel (traité, lui, avec de nombreux produits chimiques) ;
- Évidemment, privilégiez des marques éthiques françaises ou européennes avec des produits certifiés. Choisissez des vêtements labellisés teinture textile Oeko-Tex 100, REACH, GOTs, Naturtextil, etc. ;
- Évitez les vêtements aux couleurs trop vives voire fluo. De même que les flocages ou encore les motifs en plastiques ;
- Méfiez-vous également des habits “anti-odeur”, “infroissable” et même “imperméable” ;
- Nous terminons avec un ultime conseil à ne surtout pas négliger : laver tous vos vêtements neufs avant de les porter. Ça peut paraître bête, mais si nous le précisons, c’est que c’est important. 20 % de la teinture de vos vêtements ne tient pas et finira - quoi qu’il arrive - par se déverser dans les cours d’eau durant le cycle de lavage. Sachez tout de même qu’un vêtement qui rend de sa couleur même après plusieurs lavages, c’est (très) mauvais signe…